Raffaello Sanzio est né à Urbino, en 1483, un vendredi saint. Il mourut à Rome, en 1520, un vendredi saint. Son père, Giovanni, qui fut son premier maître, meurt en 1494, trois ans après son épouse, laissant un orphelin de onze ans, recueilli par un oncle.
Il est d’abord accueilli à l’atelier de Timoteo Viti, peintre de l’Ecole Ombrienne.
Il est ensuite l’élève de Piero della Francesca qui a également enseigné son art à Bramante. Il bénéficiera par ailleurs, en 1499, d’un apprentissage éclairé auprès du Perugino, à Pérouse.
En 1504, âgé de 21 ans, il arrive à Florence à l’époque où Michel-Ange y travaille aussi pour la famille Médicis.
Il peint un de ses premiers chefs-d’oeuvre, Le Mariage de la Vierge, où les qualités de son art se manifestent nettement. Il peint aussi ses premières madones, d’une extrême beauté : La Madone du Grand Duc qui est au Palais Pitti, La Madone au Chardonneret que l’on voit aux Offices, La Belle Jardinière que détient le Louvre à Paris.
Il s’affranchit vite du sentimentalisme du Perugino.
En 1508, à 25 ans, il s’installe à Rome. Son ami Bramante le présente au pape Jules II della Rovere (1502-1513) qui lui fait prendre contact avec les artistes qui ont été chargés de la décoration des chambres de son nouvel appartement, au palais du Vatican.
Raphaël obtient vite la responsabilité de ces travaux :
De 1508 à 1511, il travaille à la décoration de la chambre qui sera intitulée « Stanza della Signatura« .
De 1511 à 1514, l’artiste décore la Stanza di Eliodoro.
Ces deux magnifiques pièces sont les deux plus belles oeuvres de Raphaël.
De 1514 à 1517, son atelier, sous sa direction, se charge de la décoration de la chambre de l’Incindio del Borgo (incendie du Borgo).
Le pape Léon X Médicis (1513-1521) qui lui a commandé la décoration des Loges, lui demande aussi d’établir les cartons de tapisserie relatives aux Actes des Apôtres. Ces cartons sont à Londres, à l’Albert Museum. Les tapisseries sont au musée du Vatican, réalisées dans un ensemble de coloris richement vénitiens.
A la mort de Bramante, en 1514, Raphaël se voit attribuer la charge de l’urbanisation de Rome et de la conservation des monuments antiques en collaboration avec Antonio Da Sangallo.
Dès son arrivée à Rome il s’était intéressé à l’architecture et avait construit en 1509 l’église St Eligio degli Orifici, très pure de structure.
Pour le cardinal Jules de Médicis qui deviendra Clément VII, il assure la décoration de sa villa Madama.
Il réalise à nouveau une série de peintures de Vierges dont la plus célèbre est la Madone à la Chaise (1514-1515) qui est à Florence, au palais Pitti.
Il excelle dans les portraits, en alliant le reflet psychologique des expressions et des poses à la douceur des teintes.
En 1516, il fait le portrait de la Farnesina qui se trouve maintenant à la Galerie Borghèse. Il avait tendrement aimé cette femme que l’on disait tout aussi bien courtisane que fille d’un boulanger. Raffaelo avouait d’ailleurs s’être épris de nombreuses beautés féminines dont toutes ses oeuvres proposent une expression parfaite de leur séduction.
Lui-même était, dès sa jeunesse, très séduisant, au comble de la gloire et de la richesse. Ses autoportraits lui confèrent cette éternelle jeunesse et un charme qui lui est propre.
Son tempérament facile et doux avait permis de transmettre à ses personnages une sorte d’état de grâce. Les visages représentaient une humanité idéale où s’alliaient le bien et le beau.
Il était particulièrement sensible aux traits, à la coloration du teint, à la luminosité des sujets qu’il traitait dans une simplicité expressive mais savamment orchestrée vers un équilibre incomparable.
Raphaël avait découvert Léonard de Vinci à Florence, et avait pour La Joconde une admiration profonde. Aussi ses personnages semblaient-ils se soustraire à la pesanteur, ce qui faisait dire à Goethe que ce peintre avait fait ce que les autres avaient rêvé de faire.
Ses madones, en particulier peintes sur fond obscur, ou baignées dans un « sfumato » nous conduisent, au coeur de son art, à une sérénité ineffable.
La peinture, les lignes, les masses, les volumes entretiennent entre eux tout un jeu de correspondances subtiles : retables, portraits, fresques qui s’ouvrent sur le rêve d’un univers serein dont nous conservons la nostalgie.
Raphaël sut s’inspirer de la solidité plastique des oeuvres de Michel-Ange. S’il a utilisé, par exemple, le luminisme vénitien, c’est à des fins de composition.
Bien plus artiste que philosophe, il était loin de refuser, à priori, les apports extérieurs, les accueillant en curieux pour en tirer, si possible, une intégration à son propre univers de création originale.
On lui a reproché sa tendance à « l’emprunt » c’est à dire une propension à se laisser influencer. Il a assimilé aussi bien les découvertes de Léonard de Vinci que la science sculpturale de Michel-Ange.
Il a su élaborer tous ces emprunts, et au sein de ces influences artistiques, il a pu conserver tout l’équilibre et toute la sérénité qui furent toujours sa marque personnelle, orientant tout apport nouveau dans le sens de sa tendance profonde vers des formes et des rythmes harmonieusement classiques.
Sa manière d’assimiler les divers courants et leurs nouveautés se retrouve, en architecture, dans les compositions monumentales. Il en fut critiqué.
Mathématicien rigoureux, il réalise la chapelle Chigi à Santa Maria del Popolo, à croix grecque, qui est certainement sa meilleure oeuvre d’architecture.
Il établit également les plans du palais Pandolfini, construit par Sangallo où règne un équilibre parfait.
Les plans de deux autres palais de Rome sont également établis par l’artiste, les palazzi Vidoni et Branconi, ainsi que la villa Madama.
Il restructure et décore la salle de bains du cardinal Bibbiena au palais du Vatican qui était l’organisateur des fêtes privées.
Raphaël est mort jeune, à 37 ans, jour du vendredi saint, le 6 avril 1520, victime des fièvres.
Il travaillait alors au tableau de La Transfiguration, oeuvre qui allait vers le Maniérisme et qui resta inachevée.
Il était usé par l’intensité du travail qu’il avait assumé depuis son adolescence.
Vasari, le peintre et critique, fit à son habitude un jugement dont les insinuations déplaisantes évoquèrent ses excès amoureux; mais il vaut mieux se souvenir du fait qu’un travail intensif, sans repos, avait ruiné sa santé.
Sa dépouille fut déposée au Panthéon antique de Rome, avec La Transfiguration inachevée.
On a dit qu’il était à la fois le peintre le plus et le moins connu. Avec lui l’art occidental a atteint un de ses sommets.
Michel-Ange – Le Bernin – Donato Bramante – Raphaël